Publié le : 24 Mar. 2025
Hérons, aigrettes, butor… neuf espèces d’oiseaux échassiers occupent les marais, étangs et rivières de l’Isère. Ces espèces emblématiques jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes aquatiques. Zoom sur ces élégants haut perchés.
Par Sandrine Anselmetti

Le héron cendré est le plus grand héron d’Europe, reconnaissable à son plumage gris, ses longues pattes et sa silhouette élancée. Aujourd’hui, c’est aussi le plus commun. Mais il revient de loin ! Sous l’Ancien Régime, ce « gibier réservé au roi » était présent dans toute la France, puis, considéré comme « nuisible » pour la pêche et la pisciculture, il fut persécuté et quasi exterminé à la fin du XIXe siècle. Protégé depuis 1975, il a petit à petit recolonisé les zones humides.
Jolies colonies
Solitaire quand il chasse, a contrario, il niche en colonies (appelées « héronnières ») à la cime des arbres, hors de portée des prédateurs ou des humains et généralement en compagnie d’autres espèces. Il peut nicher en plaine, à 1 000 mètres d’altitude ou en ville (ou presque), comme dans le parc du Domaine de Vizille. S’il affectionne les zones humides du Nord-Isère, il est possible de l’observer aussi dans les prairies humides de Lans-en-Vercors, en train de survoler Grenoble ou encore dans la combe de Gières.
Migration à la carte
En Isère, certains hérons cendrés hivernent dans la région, tandis que d’autres rejoignent des contrées plus clémentes. Les populations venues du nord de l’Europe, nettement plus migratrices, renforcent la population iséroise en hiver.
Autres stars des roseaux
Plus svelte et discret, le héron pourpré aime nicher dans les roselières, notamment dans l’Isle-Crémieu et dans l’espace naturel sensible (ENS) départemental de l’étang de Montjoux, à Saint-Jean-de-Bournay. Migrateur, il rejoint l’Afrique subsaharienne pour y passer l’hiver.
Seul héron nocturne, le bihoreau gris (dont le nom latin signifie « corbeau de nuit », en référence aux croassements qu’il émet) niche sur les bords du Rhône, à Villette-d’Anthon, et dans le marais de Boulieu, en Nord-Isère. Il se reconnaît à ses courtes pattes, ses yeux rouges et son plumage sombre.
Devenu rare en Isère, le blongios nain, le plus petit héron d’Europe, se distingue par sa silhouette. Quelques couples subsistent, notamment dans la réserve naturelle de l’étang de Haute-Jarrie.
De passage
D’autres espèces, comme l’aigrette garzette, la grande aigrette, le butor étoilé ou le héron garde-bœufs, qui ne se reproduisent pas dans le département, peuvent néanmoins être observées lors de leur passage en Isère.

Sentinelles des étangs
Aujourd’hui, toutes les espèces de hérons sont protégées par la loi. Cette protection a permis le retour et le maintien de plusieurs populations en Isère, bien que certaines restent très vulnérables.
Les zones humides subissent des menaces croissantes : urbanisation, pollution, assèchement des marais… Heureusement, des initiatives comme celles du Département, dans le cadre de la politique des ENS, permettent de préserver ces milieux essentiels.
Le respect de la tranquillité des colonies et la protection des habitats naturels restent des enjeux majeurs pour que ces oiseaux majestueux, régulateurs et indicateurs de la santé des milieux aquatiques, perdurent en Isère.
Un ardéidé, c’est quoi ?
Les hérons font partie de la famille des ardéidés, des oiseaux échassiers reconnaissables à leur long cou replié en S, au repos ou en vol, ainsi qu’à leurs longues pattes, tendues vers l’arrière lorsqu’ils se déplacent dans les airs. Leur bec, long et pointu, leur permet de capturer leurs proies avec une précision redoutable. Ils se nourrissent de poissons principalement, mais aussi, selon les espèces, de petits rongeurs, comme les campagnols, d’amphibiens, d’insectes, d’écrevisses et de reptiles.