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La laïcité en 3 minutes
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(ou presque…)
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En France, depuis 1801
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l’État était lié aux Eglises par le Concordat
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Au cours du 19e siècle
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cela provoque une scission
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entre une France favorable à la domination de l’Église catholique
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et une France républicaine
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indifférente aux convictions des citoyens.
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Les Républicains finissent par l'emporter
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et créent notamment l'école laïque en 1882.
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Mais l'un d'entre eux, Emile Combes,
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défend un contrôle des cultes
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et s'oppose fermement aux religions.
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En 1902, alors qu'il est chef du gouvernement,
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2500 établissements scolaires catholiques
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sont donc fermés.
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En réponse, le Vatican rompt ses relations diplomatiques avec la France en 1904.
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Le concordat devient caduc.
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La nation est alors profondément divisée
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et la situation est explosive.
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En 1905,
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la séparation des Eglises et de l'Etat
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est l'occasion de débats houleux à l'Assemblée Nationale.
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Emile Combes et ses partisans défendent une laïcité
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visant à éliminer la religion de l'espace public
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et à contrôler les cultes.
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Tandis que d'autres députés républicains,
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menés par Aristide Briand,
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défendent une loi de compromis
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respectueuse des libertés individuelles
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et séparant strictement l’État des cultes.
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La conception de Briand finit par l'emporter
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et les parlementaires votent à la majorité
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la séparation des Églises et de l’État.
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Le texte adopté est une loi d'apaisement
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qui met fin à un siècle de conflit.
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La République laïque repose sur quatre piliers
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qui découlent de cette loi de 1905,
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de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen,
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et de la Constitution de 1958.
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Le premier pilier, c'est la liberté.
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Les citoyens sont libres de croire ou de ne pas croire
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de changer de religion ou de ne plus en avoir
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et de l’exprimer chez eux mais aussi dans l’espace public
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dans la limite du respect de l’ordre public.
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Ils sont donc libres de porter un voile ou une croix dans la rue,
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une kippa pour aller voter à la mairie,
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ou un turban sikh dans le métro.
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Deuxième pilier : la séparation des Églises et de l’État.
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Les cultes n'interviennent pas dans la gestion de l’État
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et la loi n'émane que du peuple.
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Réciproquement, l’État n'intervient pas
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dans l'organisation interne des cultes.
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Troisième pilier : la neutralité de l’État.
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Elle concerne les agents de l’État et du service public,
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mais pas ses usagers.
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Par exemple, les policiers, les juges ou les enseignants
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ne doivent montrer aucune appartenance.
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Mais neutralité ne veut pas dire indifférence.
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Le Ministre de l'Intérieur peut entretenir des relations
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avec les représentants des cultes.
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Dernier pilier : l'égalité.
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Tous les citoyens sont égaux devant la loi et le service public,
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quelles que soient leurs convictions.
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Finalement, la laïcité permet à chacun
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d’exprimer librement ses convictions,
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dans le respect de la loi et des autres.
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Cependant, la République laïque reste ferme,
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à la fois contre les dérives intégristes contraires à la loi,
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mais aussi contre ceux qui appellent à la haine
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des religions et des croyants.
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(Presque) facile.
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Mais deux lois récentes prêtent souvent à confusion.
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En 2004, une loi interdit aux élèves des écoles,
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collèges et lycées publics,
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le port de signes ou de tenues
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par lesquels ils manifestent ostensiblement
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une appartenance religieuse.
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Toutefois, les élèves peuvent porter
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des signes religieux tant qu'ils sont discrets.
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Cette loi vise à préserver les enfants des pressions,
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y compris de leurs camarades,
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afin qu'ils puissent ensuite faire leurs propres choix.
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Mais elle ne concerne pas l'école privée
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ni l'université dont les étudiants sont majeurs.
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Elle ne concerne pas non plus les parents d'élèves,
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ni les intervenants extérieurs,
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comme ceux de la Fondation Abbé Pierre ou de la Croix Rouge.
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La loi de 2010 prête elle aussi à confusion.
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Elle interdit de « dissimuler son visage » dans l'espace public,
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c'est-à-dire de porter un voile intégral,
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un casque de moto, une cagoule, etc.
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Mais cette loi ne se fonde pas sur le principe de laïcité,
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elle a été écrite dans un objectif
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de « sécurité et d'ordre public ».
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Finalement, la laïcité n'est pas une opinion,
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mais bien le cadre qui les permet toutes.
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Être laïque,
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c'est uniquement adhérer à des lois et des principes.
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On peut donc être chrétien et laïque,
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athée et laïque,
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musulman et laïque,
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juif et laïque, etc.