L’or bleu : un trésor en partage

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Toutes les activités humaines sont impactées par le changement climatique et la baisse prévisible de nos ressources en eau l’été. L’important, c’est d’anticiper collectivement. Le Département, soucieux de garantir à tous les Isérois un accès pérenne à une eau de qualité, s'est emparé du sujet.

Des températures en hausse (+ 2,5 % en moyenne en Isère par rapport au début du XXe siècle) et une couverture neigeuse en baisse (– 40 cm en moyenne montagne en trente ans). Des situations de sécheresse et des risques d’incendies plus nombreux en été. Tels sont les résultats préliminaires de l’étude prospective sur la ressource en eau face au changement climatique commandée par le Département. 

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Présentés le 12 février dernier devant une soixantaine de représentants des usagers de l’eau réunis en comité, ils ont confirmé une tendance que la plupart constatent déjà sur le terrain : depuis une dizaine d’années, les étés secs et chauds accroissent les besoins des sols et des plantes.

Si la quantité d’eau tombée varie peu d’une année à l’autre en moyenne, cette précieuse ressource manque en particulier l’été, au moment où la végétation et les cultures en ont le plus besoin, entraînant une baisse de plus en plus marquée des débits d’étiage (le niveau le plus bas relevé sur la rivière). L’objet de l’étude est justement d’estimer les évolutions à venir, en fonction du climat et des usages de l’eau

Depuis une vingtaine d’années, de nombreuses mesures ont été prises en Isère, à commencer par les agriculteurs. Elles concernent notamment les prélèvements d’eau – avec la mise en place de stations de pilotage d’irrigation collective qui permettent une gestion optimisée et concertée, et de réaliser des économies d’eau. Mais beaucoup reste à faire.

On sait par exemple qu’en France 4,7 % de l’eau de pluie est stockée contre 48 % en Espagne. La rénovation de nos réseaux d’eau potable est aussi une nécessité pour limiter les fuites. Des investissements qui se chiffrent à chaque fois en centaines de milliers d’euros.

Faire un constat partagé

Photographie
La Bourbe

Le Département, acteur majeur de l’eau en Isère, n’a pas vocation ni autorité à réguler les usages. Depuis 2018, la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi) incombent aux communes et intercommunalités.

En Isère, avec l’aide du Département, elles ont fait le choix de déléguer ces compétences à quatre syndicats de bassins versants qui assurent la gestion de nos 8 000 km de cours d’eau : le Symbhi pour l’Isère et ses affluents, le Sirra pour les affluents du Rhône à l’aval de Lyon, le Siaga pour le bassin du Guiers (Chartreuse) et l’Épage de la Bourbre (Nord-Isère).

Fort de son expertise sur le sujet, le Département se mobilise et les accompagne dans tous leurs projets. Grâce à l’étude prospective qu’il a lancée, tous les usagers de l’eau disposeront de données scientifiques objectives pour définir les difficultés actuelles ou à venir d’approvisionnement, anticiper et décider collectivement des mesures à prendre pour préserver et répartir la ressource.

L’avenir, quoi qu’il en soit, est à l’adaptation à la disponibilité en eau : c’est une responsabilité collective.

Repères

Baigné par le fleuve Rhône au nord-ouest et par la rivière Isère qui traverse une bonne partie du territoire, notre département a la chance de disposer d’une importante richesse en eau, soutenue par la fonte des neiges de nos montagnes.

Indispensable pour la vie humaine et animale, le précieux liquide a assuré des conditions propices au développement du territoire. Avec l’intensification du réchauffement climatique, constaté par la fonte des glaciers et la baisse des débits estivaux de nos cours d’eau, il va falloir apprendre à mieux préserver cette ressource.

Le Département, qui a décidé de s’emparer du sujet, agit, conseille et finance les projets :

  • Pour aménager des protections contre les inondations et restaurer les milieux aquatiques.
  • Pour rénover les réseaux d’alimentation en eau potable et les installations d’assainissement (stations d’épuration et installations individuelles).
  • Pour protéger les points de captage et les nappes d’eaux souterraines.
  • Pour rechercher de nouvelles sources.
  • Pour préserver et restaurer les zones naturelles humides (marais, étangs, tourbières…).
  • Pour conseiller et assister les syndicats de bassins versants et les collectivités rurales

« La gestion de l’eau, une politique collective »

Christophe Revil

Vice-président du Département délégué à la gestion de l’eau

IsèreMag

La gestion de l’eau n’est pas une compétence obligatoire du Département. Pourtant, la majorité départementale a décidé en octobre dernier de créer une vice-présidence consacrée à l’eau. Un symbole ?

Christophe Revil

Le Département de l’Isère est engagé de longue date dans la gestion de la ressource en eau, la préservation des milieux aquatiques et la prévention des inondations. Avec cette vice-présidence, il marque sa volonté de prendre le sujet à bras-le-corps. Car l’eau est un enjeu vital. Cette ambition se traduit d’ores et déjà par un budget de 6,5 millions d’euros pour 2024, en hausse de 11 %.Deux millions d’euros seront mobilisés pour achever trois grands projets d’irrigation collectifs, essentiels pour pérenniser l’activité agricole sur notre territoire tout en économisant la ressource.L’aide du Départe...

Christophe Revil

Vice-président du Département délégué à la gestion de l’eau

IsèreMag

La gestion de l’eau n’est pas une compétence obligatoire du Département. Pourtant, la majorité départementale a décidé en octobre dernier de créer une vice-présidence consacrée à l’eau. Un symbole ?

Christophe Revil

Le Département de l’Isère est engagé de longue date dans la gestion de la ressource en eau, la préservation des milieux aquatiques et la prévention des inondations. Avec cette vice-présidence, il marque sa volonté de prendre le sujet à bras-le-corps. Car l’eau est un enjeu vital. Cette ambition se traduit d’ores et déjà par un budget de 6,5 millions d’euros pour 2024, en hausse de 11 %.

Deux millions d’euros seront mobilisés pour achever trois grands projets d’irrigation collectifs, essentiels pour pérenniser l’activité agricole sur notre territoire tout en économisant la ressource.

L’aide du Département est également cruciale pour les communes rurales qui doivent rénover leurs réseaux d’eau potable, s’équiper de stations d’épuration ou sécuriser leurs captages d’eau potable voire rechercher de nouvelles ressources.

Face au changement climatique et à la raréfaction de l’eau, nous savons que nous allons aussi devoir nous adapter. Pour cela, nous devons disposer d’une vision prospective et partagée par tous.

C’est pourquoi nous avons lancé une étude en partenariat avec l’Agence de l’eau et invité les agriculteurs, les industriels, les associations de consommateurs, les pêcheurs, les services de l’État, soit 80 organismes, à se mettre autour de la table au sein d’un comité des usagers de l’eau. Au rythme de quatre ou cinq réunions cette année, nous allons travailler pour évaluer les fragilités potentielles et les secteurs sur lesquels nous devrons agir en priorité.

IsèreMag

Un établissement public interdépartemental de bassin est en cours de création avec nos voisins – Savoie, Hautes-Alpes et Drôme – autour de la rivière Isère et de ses affluents. Quel est son objectif ?

Christophe Revil

Nous menons depuis longtemps des actions interdépartementales – la rivière Isère prend sa source en Savoie et se jette dans le Rhône près de Valence en traversant notre département, tandis que le Drac parcourt les Hautes-Alpes et le sud de l’Isère. Les poissons ne connaissent pas les frontières !

Avec cet outil de coopération, nous pourrons mener des projets plus ambitieux en harmonisant notre action. Cet établissement public devrait voir le jour cette année après quinze ans de discussions ! Continuer à anticiper pour préparer l’avenir, c’est notre rôle en tant que responsables politiques.