Eglise abbatiale de Saint-Antoine-l’Abbaye

Le préfet de l’Isère Laurent Prévost, le président du Département Jean-Pierre Barbier, le conseiller régional Raphaël Mocellin et la maire de Saint-Antoine-l’Abbaye, Marie-Line Longis, ont inauguré la première phase du chantier de restauration de la façade occidentale de l’église abbatiale datant du XVe siècle. Etaient également présents la députée Elodie Jacquier-Laforge, les sénateurs Frédérique Puissat, Michel Savin et Guillaume Gontard, le vice-président à la construction publique Bernard Perazio, ainsi que la conseillère départementale Imen de Smedt.


   
Une première phase de restauration

Le chantier, qui s’est déroulé de juin 2020 à février 2023, a permis de restaurer la travée centrale de la façade ouest, dite aussi occidentale, et la partie basse du contrefort centre-nord, pour un coût total de près de 2,6 M€ TTC (financé à 44 % par le Département de l’Isère, à 40 % par l’Etat, à 15 % par la Région et à 1 % par la Commune).

 

Le chantier a permis de restaurer également les grandes portes monumentales, et de retrouver la teinte d’origine ocre jaune, dont les fragments ont été analysés en laboratoire, révélant un vernis teinté à base d’huile de lin et d’oxydes de fer.
Cette première phase a révélé la virtuosité des bâtisseurs de cette oeuvre flamboyante monumentale, et a permis de faire revivre des savoir-faire anciens en formant une équipe de tailleurs et de sculpteurs de pierre réunis de façon inédite pour ce chantier hors-normes.

 

Elle a dévoilé l’état alarmant de la pierre, ce qui a obligé à restaurer les éléments structurels de manière prioritaire, avant de revoir le phasage du chantier et son financement.


Les chiffres du chantier

  • Nombre de pierres changées : 503
  • Volume de pierres remplacées : 21,5 M3
  • Nombre d’heures travaillées en maçonnerie et taille de pierre : 45 900 h
  • Nombre de maçons et tailleurs de pierre : 35 « compagnons » engagés sur le chantier oeuvrant sur site ou en atelier.


Une pierre de molasse poreuse

La façade occidentale de l’église présente plusieurs pathologies importantes sur la pierre dont la cause est principalement l’action de l’eau sur une pierre de molasse ne supportant pas les ruissellements d'eau.

 

Au démarrage du chantier, et afin de quantifier précisément la quantité de pierre à remplacer, l'entreprise de Maçonnerie-Pierre de taille a réalisé un état sanitaire de l'ensemble des pierres de la façade, en lien avec la maitrise d’oeuvre et la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Grâce aux échafaudages, ils ont pu constater pierre à pierre en « sonnant » chaque pierre leur état de dégradation ainsi que leur stabilité.


Il s’est alors avéré qu’une quantité de pierres importante devait être remplacée, en particulier sur le meneau central de la baie axiale et les piédroits du portail central.
Ces blocs parfois parcourus de quelques microfissures en apparence, sonnaient en réalité totalement creux. Un certain nombre de pierres sculptées, qui étaient prévues d'être conservées, se sont avérées dans un tel état de fracturation et de désagrégation interne, que leur remplacement était inévitable pour garantir la solidité de la façade. Leur remplacement a impliqué de restituer la sculpture sur les blocs neufs, dont les originaux étaient encore en place, permettant une restitution sans hypothèse, avant que ces témoins ne disparaissent pour toujours, réduits à l’état de poudre. En revanche, pour les éléments sculptés disparus et sans modèles équivalents, ils n’ont pas été remplacés par des pierres sculptées mais seulement par des blocs épannelés.


Ce travail important de localisation des interventions a nécessité la mobilisation d’une équipe de tailleurs de pierre et d’appareilleurs à pied d’oeuvre, dédiée aux relevés et dessins de l’ensemble des blocs de pierre prévus remplacés à l’identique. Les épures ont été réalisées, en analysant les vestiges en place, et en croisant par analyse comparative des autres motifs de tiges, de nervures, de fleurons, de choux, pour reconstituer les lacunes.
Les compagnons ont façonné leurs propres outils, sur mesure, pour s’adapter à la taille des motifs en creux, à l’angle de chaque motif des dais et fleurons sculptés.


Concernant le devenir du chantier, tous les partenaires ont la volonté de poursuivre la restauration de la façade occidentale. L’élaboration d’un nouveau programme de travaux, avec un échéancier financier et technique cohérent, est en cours. Au regard des délais règlementaires, les travaux pourraient reprendre en 2025.


« Notre commune est fière de cette magnifique opération de restauration de la première partie de la façade occidentale de notre église abbatiale. Il n’est pas de réalisation de cette envergure qui ne voit le jour sans le talent et l’investissement des entreprises et ouvriers que je tiens à remercier et à féliciter. Ils sont les représentants d’un savoir-faire séculaire exceptionnel. Je salue également la mobilisation de nos partenaires financiers, l’État, la Région et le Département de l’Isère, qui fidèle à sa politique concernant les monuments historiques, a porté et soutenu cette restauration en qualité d’Assistant à Maitrise d’Ouvrage », précise Marie-Line Longis, la maire de Saint-Antoine-l’Abbaye.


« Investir pour sauvegarder notre patrimoine aujourd’hui, c’est permettre aux générations futures de pouvoir admirer les vestiges du passé, nos racines, les connaître et les comprendre. Il suffit d’une seule génération pour perdre parfois, à jamais, des édifices qui ont traversé les siècles. C’est pourquoi inaugurer la première phase de ce chantier, qui a été une vraie prouesse des architectes et des compagnons, un chantier, qui plus est, plein de rebondissements, est une fierté ! », déclare Jean-Pierre Barbier, président du Département.


« En mobilisant plus de 600 000 euros via le programme 175 Patrimoines et le Fonds incitatif partenarial, soit 40 % du financement total du projet de restauration, l’État s’engage et soutient la sauvegarde de notre patrimoine », souligne Laurent Prévost, le préfet de l’Isère.