En selle, sur les chemins de Mandrin

Tout à la fois brigand et héros, en guerre contre les taxes injustes de l’Ancien Régime, Louis Mandrin reste l’une des figures les plus populaires de l’histoire du Dauphiné. Sa légende naît le jour de son exécution, le 17 mai 1755, quand le jeune contrebandier natif de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs est supplicié sur la place de Valence. Il n’avait que 30 ans !

Pourchassé par les insatiables fermiers généraux, collecteurs d’impôts, Mandrin fut loin de mener la vie de château – même s’il y trouva souvent refuge. Chevaucher sur ses traces à travers bois et chemins herbeux permet de s’immerger dans son histoire riche en rebondissements.

Point de départ de ce périple de cinq jours, le château de Vallin (classé Patrimoine en Isère). Nichée dans la verdure au cœur de plus de 200 hectares de forêts et d’étangs, sur les hauteurs de Saint-Victor-de-Cessieu, l’ancienne maison forte du XIV^e siècle, embellie au XVIII^e siècle, apparaît au bout d’une longue allée de tilleuls centenaires. 

Olivier Auriol de Bussy, qui l’a rachetée en 1990 et a entrepris de la restaurer, ouvre volontiers ses portes aux cavaliers (sur rendez-vous). Les montures apprécieront le bassin à chevaux dans la cour aux écuries, rarissime dans la région. À l’intérieur, le hall des trophées et les peintures murales achèvent de nous transporter au siècle de Mandrin et de Voltaire.

Après deux journées à travers la plaine de Bièvre et ses vastes panoramas, on fait halte à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, village natal de Mandrin, qui propose tout un parcours dans les pas de son héros. Une pause s’impose au pub Belle Humeur (surnom de notre héros !).

On remonte ensuite vers la forêt de Chambaran, repaire bien connu du brigand au grand cœur, pour arriver au château de Bressieux. Face à l’ampleur des ruines de briques roses et à la beauté du site, on mesure l’importance de cet ancien fief féodal des Bressieux. Il a d’ailleurs servi de décor au film Kaamelott, d’Alexandre Astier (sorti en 2021) !

À l’époque de Mandrin, le château appartient à la famille de Valbelle, marquis de Bressieux. Selon la légende, sa fille Marguerite-Anne, très éprise du beau contrebandier, veut l’épouser. Mais pas question de se marier avec un roturier. Inconsolable, elle revend le château en 1780. Saccagé à la Révolution, il échappera à une destruction complète grâce au classement en 1904 aux Monuments historiques. La commune, propriétaire depuis 1967, le restaure peu à peu.

Le parcours se poursuit à Saint-Antoine-l’Abbaye, labellisé « Les Plus Beaux Villages de France », puis sur les chemins de crête à Saint-Bonnet-de-Chavagne : la vue sur le Vercors et les monts d’Ardèche est somptueuse !

Classé aux Monuments historiques en 1991, le château de l’Arthaudière apparaît comme un joyau architectural avec ses décors sculptés, sa galerie de la Renaissance, ses jardins en terrasses plongeant sur le Vercors. Les anciennes écuries accueillent des expositions chaque été, et les spectacles équestres de l’association L’Histoire autrement nous projettent dans l’époque médiévale…  

Parcourue par 2 000 kilomètres d’itinéraires équestres, l’Isère est au cœur de deux grands itinéraires labellisés par la Fédération française de la randonnée équestre. Après la « Route Napoléon à cheval », l’association Isère Cheval vert a créé « Les Chemins de Mandrin ». Le tracé comprend 300 kilomètres, depuis Saint-Joseph-de-Rivière (sur les contreforts de la Chartreuse), jusqu’aux portes de la Drôme. Tout au long, des gîtes sont prêts à accueillir les cavaliers.