1793-1794, année… terrible ?

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Publié le 11 sept. 2025

Insurrections populaires, liesse, Terreur... L'an II de la République va bouleverser le quotidien des Français. L’exposition du Musée de la Révolution française au Domaine de Vizille apporte un regard neuf sur cette période charnière de l'Histoire.

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Pierre-Antoine Demachy, La Fête de l’unité et de la réunion sur la place de la Révolution, 1793 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

“Le but de la société est le bonheur commun.” L’article Ier de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, telle que revue et corrigée en 1793 après l’abolition de la royauté, constitue en soi tout un programme ! L’article 35 résume bien l’esprit qui prévaut au sein de la nouvelle Convention nationale qui vient de s’installer au palais des Tuileries : “Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple (…), le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.”

Liberté et République

Présentées à l’entrée de l’exposition, après le majestueux tableau de Nanine Vallain La Liberté (daté de 1794), les imposantes Tables constitutionnelles (prêtées par le Musée Carnavalet-Histoire de Paris) nous projettent dans le vif du sujet. En octobre 1793, les 749 députés, élus au suffrage universel masculin, ont adopté un nouveau calendrier instituant la date du 22 septembre 1792 comme celle du premier jour de l’an I de la République.

Leur tâche est immense : bâtir par la loi une société nouvelle avec ses symboles propres, ses codes vestimentaires (la cocarde va devenir obligatoire !), ses rituels. “Chaque Français, de sujet du roi, doit devenir un citoyen à part entière avec des droits et des devoirs : c’est un changement complet de statut”, rappelle Sophie Mouton, nouvelle directrice du musée départemental.

Du bel idéal… au tribunal

Abolition de l’esclavage, instauration de l’école gratuite et laïque obligatoire pour les filles et les garçons, adoption du système métrique… en quelques mois, c’est un tourbillon de réformes fondamentales qui bouleverse le quotidien de chacun, dont certaines resteront gravées dans le marbre.

Mais entre menaces militaires des pays voisins et flambée des prix alimentaires, la Convention doit gérer aussi l’état d’urgence et se battre sur tous les fronts, extérieur autant qu’intérieur. Au sein même de l’assemblée, les affrontements entre membres du parti girondin (plutôt modérés) et Montagnards (adeptes de mesures radicales) tournent au carnage. 

La guillotine, instrument de la Terreur

Les lois spéciales se multiplient, tout le monde devient suspect et la guillotine tourne à plein régime. Charlotte Corday, Marie-Antoinette, Olympe de Gouges (rédactrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne), Antoine Barnave (avocat grenoblois) et même Maximilien de Robespierre et Georges Danton, la liste est longue des condamnés célèbres. La Terreur est en marche et la machine « humaniste » imaginée par le docteur Guillotin devient le symbole du retournement de la Révolution contre ses propres principes.

Cette immersion au cœur de l’une des périodes les plus sanglantes et fécondes de notre histoire républicaine passionnera les férus d’histoire (à travers des documents inédits) comme les plus jeunes, avec un parcours spécialement conçu pour eux et une scénographie très visuelle. 

Tableau
Nanine Vallain, La Liberté,1794 © Musée de la Révolution française/Département de l’Isère/Dépôt musée du Louvre

« 1793-1794. Un tourbillon révolutionnaire »

  • Jusqu’au 23 novembre 2025
  • Visites guidées gratuites chaque premier dimanche du mois à 15 h (se présenter 15 min avant sans réservation).
  • Ateliers pour enfants durant les vacances scolaires, sur inscription.
  • Rencontre exceptionnelle avec les dessinateurs Locard et Grouazel, le 22 novembre à 15 h, gratuit, sur inscription.

Par: Véronique Granger