Publié le 20 sept. 2025
Pour faire face aux épisodes de sécheresse, les agriculteurs isérois, soutenus par le Département de l’Isère, s’organisent pour gérer la ressource en eau, sécuriser leurs productions et contribuer à la souveraineté alimentaire du territoire.
Sous le pont de Briord coule le Rhône. Frontière du Nord-Isère avec le département voisin de l’Ain, le fleuve est aussi, et surtout, un allié précieux des agriculteurs du territoire. C’est ici qu’en 1986, une trentaine d’entre eux se sont regroupés en Association syndicale autorisée (ASA) dans le but de créer un réseau collectif d’irrigation. " Leur raisonnement a été le suivant : plutôt que de prélever l’eau dans le ruisseau ou l’étang tout proche, au risque d’assécher davantage le territoire durant les sécheresses, nous avons le Rhône à côté… On va se grouper et créer un réseau collectif d’irrigation, qui sera notre première assurance de récolte " résume Jocelyn Dubost, installé à Courtenay depuis 10 ans, et membre de l’association. Le jeune producteur céréalier, qui est à la tête d’une exploitation de 230 ha, dont 130 ha de céréales et 100 ha de prairies, le reconnaît : " S’il n’y avait pas eu l’irrigation, je ne sais pas si je me serais installé. Parce que je ne serais pas sûr de faire une récolte tous les ans… "
Grâce à ce réseau de 60 kilomètres de tuyaux enterrés, le Rhône irrigue 900 hectares de cultures. Chacune des 28 exploitations bénéficiaires dispose d’une borne par parcelle où l’arrosage est pratiqué. Sur ces bornes, des compteurs permettent notamment de détecter la moindre fuite sur le réseau, et des limiteurs de débit garantissent une juste répartition de la ressource. " C’est une question d’équité autant que d’économie : les limiteurs empêchent de sortir plus d’eau que ce qui est prévu ", explique le céréalier qui en parallèle préside l’Organisme unique de gestion collective (OUGC). Piloté par la Chambre d’agriculture, l’OUGC a pour mission de répondre aux besoins des agriculteurs en tenant compte de la disponibilité de la ressource et des autres besoins, dont l’eau potable qui est prioritaire.
Matériels innovants, cultures adaptées
" On travaille à ciel ouvert, poursuit Jocelyn Dubost. On se doit d’être exemplaire, on a conscience que l’eau est un bien commun, on essaie d’améliorer notre gestion depuis longtemps. "
Christophe Revil, vice-président du Département, en charge de l’eau, salue cette organisation exemplaire : " La profession est dynamique et très engagée sur cette voie. L’association départementale des irrigants de l’Isère, l’OUGC, que pilote la Chambre d’agriculture, et les ASA présentes dans les territoires, permettent une coordination et une réflexion globale en faveur d’une gestion économe de la ressource en eau qui n’existent pas forcément ailleurs. C’est aussi pourquoi nous sommes l’un des Départements qui aide le plus le monde agricole en matière d’irrigation. "
Gérer au plus juste la ressource en eau passe aussi par une adaptation des exploitations, que ce soit en matière de matériel ou de culture. Jocelyn Dubost a installé des enrouleurs d’irrigation plus performants. Branchés aux bornes de ses parcelles, ils peuvent aller à plusieurs vitesses, ce qui permet à l’agriculteur d’optimiser l’apport en eau selon les besoins de chaque culture : " Typiquement, sur ce terrain, sur les 280 mètres où pousse le soja, très gourmand en eau, je laisse l’enrouleur passer lentement, afin que l’eau pénètre en plus grande quantité dans le sol. Ensuite, plus loin, pour le tournesol, l’enrouleur accélère : les besoins de la plante sont moindres. " Il s’est essayé cette année à la production de lentilles vertes. Les légumineuses sont résistantes à la sécheresse et de plus en plus demandées par les consommateurs.
Reportage vidéo
Le Département favorise un développement de l’irrigation vertueux
Dans le cadre de la mise en œuvre de ses politiques agricole et de gestion équilibrée de la ressource en eau, le Département de l’Isère soutient financièrement les ASA de différents territoires. Ces aides sont attribuées pour des projets performants et économes en eau, qui ne prélèvent pas dans des cours d’eau ou des nappes souterraines en déséquilibre quantitatif. " Ce sont souvent des projets d’ampleur, il faut donc les moyens à la hauteur ", relève Christophe Revil, vice-président du Département, en charge de l’eau. " Micro-asperseurs, pivots assistés par ordinateur, goutte-à-goutte enterré pour de la grande culture : le Département accompagne en parallèle les exploitations pour investir dans des systèmes d’irrigation agricole individuels plus performants et économes, souligne Christophe Revil. Nous soutenons une trentaine d’acquisitions par des agriculteurs de matériels performants chaque année. "