De laine et d’or…

  • Culture

Publié le 18 juin 2025

Quatre cents ans après sa réalisation, une tenture exceptionnelle du XVIIe siècle, déposée par la commune de Saint-Antoine-l’Abbaye, est exposée au musée départemental. Une histoire tissée de fils d’or et d’énigmes.

photographie d'un détail de tapisserie
Tenture de Léonard de Vialleys sur la vie Joseph (1623). © Cnossos - Musée de Saint-Antoine-l'Abbaye

Elles sont dix, dix tapisseries de laine du XVIIe siècle relatant l’histoire de Joseph, telle que narrée dans le livre de la Genèse : l’ensemble forme une tenture exceptionnelle, classée aux Monuments historiques en 1904, parmi les rares suites complètes de cette époque provenant de la manufacture d’Aubusson. 

Après quatre cents ans et moult péripéties, celle-ci est présentée dans son intégralité au musée de Saint-Antoine-l’Abbaye, pour une exposition temporaire. “Deux des tapisseries figurent déjà depuis 2016 dans le parcours permanent du musée, ‘Chroniques d’une abbaye’. Les huit autres ont quitté l’église abbatiale en 2019 pour être déposées au musée, afin d’assurer leur conservation. Elles ont été entièrement nettoyées et consolidées dans l’atelier de Martina Galli”, explique Géraldine Mocellin, directrice du musée et commissaire de l’exposition. 

Les différents tableaux illustrant la vie tumultueuse de Joseph – vendu comme esclave par ses frères jaloux, il deviendra l’interprète des rêves du pharaon en Égypte – valent pour eux-mêmes. Les motifs, les couleurs, les paysages tantôt familiers, tantôt exotiques, sont typiques de la Renaissance flamande. L’art ancestral de la tapisserie et des lissiers d’Aubusson est aussi largement évoqué, avec une section jeune public qui fait appel au toucher.

C’est la première commande d’importance de l’ordre des Antonins après les guerres de Religion.

Géraldine Mocellin

Directrice du musée et commissaire de l’exposition

Une histoire rocambolesque et semée d’intrigues

Mais l’intérêt réside aussi dans le récit truffé d’énigmes qui entoure la tenture, que le visiteur va pouvoir élucider : “Grâce à l’acte notarié, on sait que la commande a été passée en 1623 par le chapitre de l’abbaye au marchand-tapissier aubussonnais Léonard de Vialleys, révèle Géraldine Mocellin. C’est la première commande d’importance de l’ordre des Antonins après les guerres de Religion. Toutefois, des zones d’ombre subsistaient sur la destination de cet ensemble : était-ce une tenture d’ornement pour les salons du chapitre, ou pour la grande sacristie de l’église ? Nous nous sommes aussi penchés sur l’imagerie dont a pu s’inspirer le cartonnier (celui qui fait le dessin servant de modèle au lissier), l’histoire de Joseph étant alors très populaire et très souvent représentée.”

En 1934, on sait déjà que les tentures furent installées dans le chœur de l’abbatiale pour remplacer les tableaux monumentaux de Marc Chabry, en piteux état. Volées puis retrouvées dans une maison abandonnée, elles y sont restées jusqu’en 2019, avant de laisser à nouveau leur place aux peintures restaurées. Une belle histoire d’art, tissée de laine et d’or. 

Pratique

« De laine et d’or. Une histoire tissée au XVIIe siècle »

  • Du 6 juillet au 2 novembre 2025. Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye.
  • Voir aussi en lien la programmation (concerts, visites guidées, ateliers…) autour de l’exposition. Entrée libre.
  • Programme et réservations : 04 76 36 40 68. 

Par: Véronique Granger