Publié le 04 septembre 2025
Lieux de transaction, de rencontre, parfois de loisir, les foires ont un pouvoir patrimonial attractif. Elles ont façonné notre territoire et semblent promises à un bel avenir à l’heure de la consommation de masse et du e-commerce.
Huit cent cinq ans après sa création, la Beaucroissant fait toujours recette. Plus de 300 000 visiteurs ont arpenté ses stands du 12 au 14 septembre dernier. L’histoire de cette foire agricole s’enracine dans une tragédie.
La Beaucroissant : la plus ancienne
Dans la nuit du 14 septembre 1219, le barrage naturel du Saint-Laurent, situé dans la plaine du Bourg-d’Oisans, cède. La crue balaie Grenoble, faisant des milliers de morts. L’année suivante, les survivants se rendent en pèlerinage à Parménie, attirant une foule de marchands. Depuis, la foire a connu des hauts et des bas, elle a même failli disparaître en 1965, avant de se moderniser.
Si la Beaucroissant est la plus ancienne foire de l’Isère, d’autres ont traversé des siècles, telles la Foire de la Saint-Denis, créée en 1230 à Ruy-Montceau, celle de la Saint-Martin, à Voiron, née en 1356 sous les comtes de Savoie pour faciliter les échanges avec le Dauphiné, la Foire de la Sainte-Catherine d’Heyrieux qui date de 1544 ou encore la Foire aux dindes de Sablons, inscrite dans l’ADN des habitants depuis 1583. Autant de rendez-vous agricoles habituels en automne, pour permettre aux villageois d’écouler les stocks de grains, de fruits, de légumes ou les animaux engraissés pendant l’estive.
Les foires fixent la mémoire collective…
Grâce à leur périodicité régulière, ces foires rythment la vie économique. Plus que de simples places marchandes, ces lieux de brassage entre populations rurale et urbaine fixent la mémoire collective. La Foire aux navets de Flachères, bien que récente, en est la parfaite illustration.
La légende rapporte qu’en 1860, alors que Napoléon III voyage en train, une panne stoppe le convoi. L’impératrice Eugénine, enivrée par l’odeur de la gamelle d’un cheminot, descend sur la voie. Ayant goûté à ses navets, elle s’en fait livrer à la cour impériale. Quarante ans plus tard, les paysans flachérois vendent leur production à Bourgoin-Jallieu et à La Tour-du-Pin. À cette époque, Paris et Lyon possèdent même leur restaurant à l’enseigne « Aux navets de Flachères ». Pour célébrer ce patrimoine, les élus locaux ont créé la Foire aux navets en 1985.
Depuis, la tradition perdure. Les agriculteurs sèment chaque année des graines de navets dont la récolte a lieu en novembre, avec la Confrérie des chevaliers de l’ordre du navet de Flachères. On pourrait croire à une hérésie. “Au contraire, c’est un temps festif et intergénérationnel qui structure la communauté et illustre bien sa volonté d’ouverture aux autres”, analyse Cyrille Madinier, maire de Flachères et vice-président du Département en charge de l’agriculture.
D’autres s’effacent… ou se créent
Toutes les foires ne sont pas éternelles. La Vogue des Balmes de Fontaine, longtemps célébrée le 8 septembre et immortalisée vers 1845 sur une toile attribuée à Théodore Ravanat, n’a pas survécu à la Première Guerre mondiale.
À l’inverse, d’autres foires sont encore dans leur prime jeunesse. C’est le cas notamment des foires de la Saint-Quentin (à Saint-Quentin-Fallavier) et d’Herbeys, de la Foire de l’Avent d’Allemond ou de la Fête de la viande de Lumbin, qui toutes ont moins de 30 ans.
Les prochains rendez-vous (liste non exhaustive)
- 9 novembre : foire aux navets à Flachères.
- Du 1er au 11 novembre : foire de Grenoble.
- Du 10 et 11 novembre : foire de la Saint-Martin à Voiron.
- Les 15 et 16 novembre : salon des vins de l’Isère à St-Ismier et 443e Foire aux dindes à Sablons.
- 23 novembre : foire de la Sainte-Catherine à Heyrieux.
- 23 novembre : 40e foire au boudin à Saint-Andéol
Quand le Département fait la foire…
Partenaire traditionnel de la Foire de Beaucroissant, le Département de l’Isère déploie à chaque édition un stand pour valoriser l’agriculture iséroise, ses savoir-faire et ses produits, notamment ceux portés par la marque Nos produits ISHERE.
Ateliers de cuisine, jeux, dégustations, sensibilisation au pastoralisme et aux usages de la montagne, animations avec les confréries de la noix de Grenoble, du saint-marcellin et du bleu du Vercors-Sassenage…, cet espace a encore été plébiscité chaque année par les petits et les grands !