Publié le 05 sept. 2025
Les résultats de l’étude prospective sur la ressource en eau en 2050 commandée par le Département confirment des tendances déjà mesurées. Avec cet outil, les décideurs disposent désormais de données précises sur ce qui les attend sur leur territoire.
Il y a deux ans, le Département a lancé, avec l’aide financière de l’Agence de l’eau, une ambitieuse étude prospective sur la ressource en eau dans le cadre du changement climatique en Isère. Les résultats sont aujourd’hui disponibles et accessibles à tous.
Isère Mag : Quelle a été la démarche ?
Christophe Revil : Les effets du changement climatique sont perceptibles par tous. Et la sécheresse de l’été 2022 a marqué les esprits. Or, nous manquions de données scientifiques fiables et consolidées à l’échelle du Département pour faire consensus auprès des élus et décideurs publics et privés sur les évolutions à venir et les mesures à prendre. Sur quelles bases s’appuyer pour faire des choix, comment anticiper de façon efficace et assurer un partage équitable d’une ressource vitale ?
En 2023, nous avons donc mandaté deux bureaux d’études indépendants, Auxilia et Hydroclimat, qui ont exploité notamment les données brutes issues du projet Explore 2 et du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).
Des projections ont été établies au niveau des onze bassins versants isérois en termes d’évolution de la ressource en eau (débit des cours d’eau, évolution des précipitations, humidité des sols, stockage de l’eau sous forme de neige, etc.), sous la supervision d’un comité scientifique regroupant des experts de l’Inrae, de l’Université Grenoble Alpes, de Météo-France et d’EDF.
L’enjeu, et c’est ce qui fait le caractère innovant de la démarche, était de partager ces connaissances très largement à travers un comité des usagers, pour que chacun s’approprie les résultats.
Nous avons ainsi réuni à plusieurs reprises ce comité qui rassemble tous les acteurs de l’eau en Isère – collectivités, agriculteurs, industriels, associations environnementales, pêcheurs… –, soit 70 organismes, qui ont pu également partager les enjeux de chaque bassin versant face à ces évolutions.
Isère Mag : Quelles sont les pistes d’action préconisées ?
Christophe Revil : Il n’appartient pas au Département de décider ce qu’il faut faire à la place des collectivités compétentes dans le domaine de l’eau (eau et assainissement, Gemapi…). En revanche, nous disposons d’une forte expertise sur le sujet et pouvons les accompagner. Cette étude leur donne des clés : pour faire des choix et de sélectionner les solutions les plus efficaces pour chaque bassin versant, en fonction de sa situation.
Sachant que nous aurons des apports d’eau accrus en hiver et des périodes de sécheresse des sols prolongées en été (quasiment près d’un mois), il faudra trouver des moyens de retenir l’eau en excédent quand elle est là, par exemple en restaurant et en préservant les zones humides afin de favoriser l’infiltration des eaux de pluie.
L’Agence de l’eau préconise en priorité des solutions fondées sur la nature. Une chose est sûre : tout le monde (agriculteurs, industriels ou particuliers) est conscient qu’il faudra économiser cette ressource qui va devenir de plus en plus convoitée.
Isère Mag : Les résultats de cette étude doivent-ils inciter à l’optimisme ou au pessimisme ?
Christophe Revil : Ni l’un ni l’autre. Il ne sert à rien d’agiter les peurs ni de se montrer catastrophiste. Il est important de s’emparer du sujet sans dogmatisme et de s’accorder sur les priorités, sachant que les investissements à réaliser auront pour la plupart des effets dans plusieurs années.
Quelles ressources en eau en 2050 en Isère ?
Découvrez une projection des ressources en eau en Isère.