Publié le 29 sept. 2025
Les Mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) contractualisées par 173 agriculteurs et 47 groupements pastoraux du Sud Isère permettent de concilier production agricole et préservation de l’environnement. Découvrez comment.
Vos démarches
Avec l’appui des collectivités et partenaires locaux, le Département de l’Isère anime le dispositif et accompagne les agriculteurs dans le suivi et la mise en œuvre des mesures.
Au pied d’un chaînon du massif du Taillefer, les marguerites, potentilles à grandes fleurs et sainfoins parsèment la prairie qui s’étend de ce côté-ci du plateau de la Matheysine. Stéphane Bonnois, producteur laitier à Villard-Saint-Christophe, y fait paître une soixantaine de vaches montbéliardes et quelques tarines. Sur 35 hectares de prairies, il pratique un pâturage modéré et homogène sur l’ensemble de la surface, en déplaçant régulièrement les animaux pour permettre à une diversité floristique et faunistique de s’épanouir.
Dans un contrat signé avec l’État, l’éleveur s’engage pendant cinq ans à maintenir cette gestion adaptée, grâce à des fonds nationaux et européens : "Grâce aux MAEC, on continue d’entretenir des espaces de moyenne montagne. Si on ne le fait pas, la forêt gagne du terrain…" Préserver cette mosaïque de paysages est une démarche vertueuse pour la biodiversité, qui s’inscrit dans un cadre précis. "J’ai un petit guide, qui m’aide à connaître les fleurs qu’il faut préserver pour l’équilibre des prairies permanentes, explique Stéphane Bonnois. Le cahier des charges des MAEC exige aussi une journée de formation et la tenue d’un cahier d’enregistrement des interventions que je réalise sur les parcelles engagées."
Pour cet engagement, il perçoit une aide de 72 euros par hectare. "Quand on connaît la hausse des charges que nous subissons ces dernières années, et la déprise laitière en Isère, c’est un revenu complémentaire non négligeable", reconnaît-il.
Des aides indispensables pour entretenir le paysage
Les MAEC sont mobilisées pour répondre aux enjeux environnementaux rencontrés sur ce territoire tels que la préservation de la qualité de l'eau, de la biodiversité animale et végétale, des sols. Elles accompagnent les exploitations volontaires dans leurs projets de transition agroécologique et leur adaptation au changement climatique.
Stéphane Bonnois s’est également engagé à assurer des travaux de débroussaillage sur 14 hectares. Dans les zones en déprise, cette gestion permet de réduire le risque d’incendie et de garder le milieu ouvert. "Sans un entretien avec le broyeur que j’attèle à mon tracteur, les 2,5 hectares au pied de cette colline seraient recouverts de buissons. Pour les terrains plus boisés, où des pousses de résineux sont présents, on a recours à un autre type d’outil à chaînes, qui élimine mieux les arbustes ", explique Stéphane, en désignant une autre parcelle pentue, juste à la lisière des sapins qui enveloppent la montagne voisine.
Autrefois berger l’été et dameur l’hiver, à l’Alpe du Grand Serre, il connaît par cœur ces massifs. "Il y a 60 ans, il n’y avait quasiment pas d’arbres à cet endroit. Aujourd’hui, c’est une forêt. En agriculture, le gros problème, c’est le manque de main d’œuvre, on ne peut pas être partout. Alors les aides reçues sont bienvenues pour continuer à entretenir les prairies pentues." Ces interventions régulières lui donnent matière à constater : "On a tendance à l’oublier mais nous, les agriculteurs, sommes les premiers gardiens de la biodiversité. Mon métier, c’est aussi de gérer ces pâturages."
Le Département, animateur des MAEC en Sud-Isère
Les Mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) constituent un des instruments incitatifs de la PAC : elles permettent d’indemniser les agriculteurs qui s’engagent dans des pratiques bénéfiques pour l’environnement comme l’entretien de haies, le retard de fauche des prairies pour laisser le temps aux oiseaux de s’y reproduire et d’élever leurs petits. Le Département, en partenariat avec les acteurs du Grand Sud-Isère (Oisans, Matheysine et Trièves), dont les collectivités, les associations agricoles et environnementales, la Chambre d’agriculture et les agriculteurs eux-mêmes, a co-construit un projet identifiant les enjeux du territoire et les mesures adaptées.
Il accompagne les agriculteurs dans la mise en place et le suivi. Grâce aux contrats MAEC, les agriculteurs du Grand Sud-Isère percevront 4,7 millions d’euros d’aides sur 5 ans pour 34 000 hectares engagés. Un système gagnant-gagnant qui permet de pérenniser une agriculture de moyenne montagne, avec des pratiques favorables à la biodiversité et à la diversité des paysages.