La vallée aux 100 châteaux

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Le château du Touvet
Le château du Touvet © A. Bonte

Surnommée « la vallée aux 100 châteaux », la vallée du Grésivaudan, entre Grenoble et Chambéry, regorge de tours et maisons fortes médiévales. Certaines sont devenues des demeures élégantes, comme les châteaux du Touvet, de Servien ou Bayard à Pontcharra.

Le phare du Grésivaudan

Édifiée au XIIIe siècle sur les contreforts du balcon de Belledonne, la tour d’Étapes offre une vue à couper le souffle sur la vallée du Grésivaudan. « Au Moyen Âge, cette tour dépendait d’un domaine viticole de 150 hectares sur la rive gauche de l’Isère, entre Domène et Villard-Bonnot. Elle a été construite en 1246 par l’évêque de Grenoble au profit du comte Raoul de Genève et a abrité pendant près de trois siècles les seigneurs de Commiers », développe Daniel Iboud. Enfant, cet ancien habitant du Versoud, architecte passionné de patrimoine, venait user ici ses fonds de culotte. Il y accueille et guide les visiteurs depuis 2020. 

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La Tour d'Étapes du Versoud © F.Pattou

Acquise par la mairie du Versoud en 2007, qui l’a entièrement restaurée, la tour d’Étapes est accessible à partir du haut du village par un petit chemin en sous-bois très bucolique. Daniel Iboud nous rappelle sa fonction défensive originelle : 

« La vallée du Grésivaudan a toujours été un lieu de passage à défendre. Cet édifice faisait partie d’un réseau de tours de guet, devenues au cours des siècles des maisons fortes. 

Certaines existent encore, comme la tour d’Arces de Saint-Ismier, dont vous pouvez apercevoir la silhouette en face, ou encore la tour de Montfallet, sur les hauteurs de Belledonne. »

Daniel Iboud

La visite commence par un premier escalier escarpé. « Au rez-de-chaussée, il y avait sans doute un espace qui servait à stocker les aliments, puis une cuisine avec une cheminée. La surface habitable se répartissait entre le premier et le troisième étage, où se trouvaient les chambres et le dortoir pour le personnel de maison. »

Enfin, le guide nous emmène sur la terrasse crénelée qui fait face au massif de Chartreuse et à la dent de Crolles avec une vue à 180 degrés sur la plaine du Grésivaudan. « Ce paysage a peu évolué entre le Moyen Âge et l’ère industrielle. Louis XII le considérait comme le plus beau jardin de France. » 

Visites guidées de la Tour d'Étapes : Association Versatorio, 06 22 22 05 67.

Le château du Touvet et ses jardins

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Le château du Touvet et ses jardins. © F.Pattou

Site emblématique du Dauphiné, le château du Touvet est renommé pour ses jardins exceptionnels, qui abritent un spectaculaire escalier d’eau à l’italienne.

Après avoir parcouru une belle allée bordée d’une double rangée d’arbres centenaires et franchi les grilles, on arrive dans la cour d’honneur, puis on lève les yeux, impressionnés par le château lui-même, mais aussi, par sa situation au pied du massif de Chartreuse, face à la chaîne de Belledonne. Tout autour, cinq hectares de jardins aménagés avec grâce au cœur du XVIIIe siècle mêlent avec harmonie jeux d’eau, espaces maîtrisés, prairie champêtre et grand paysage, dont la mise en scène rappelle celle des jardins italiens.

C’est aux alentours de 1750 que débute le chantier des jardins du château du Touvet. À cette époque, l’homme souhaite dominer la nature en aménageant ses espaces extérieurs selon des principes géométriques et des plans structurés. Avec les progrès hydrauliques, l’eau devient un élément majeur d’agrément. Pour mettre en valeur sa demeure, le comte de Marcieu, alors propriétaire, imagine un spectaculaire escalier d’eau à l’italienne. 

Unique en France, il a conservé son apparence d’origine et constitue aujourd’hui la pièce maîtresse du domaine. Il est alimenté par un torrent et une profusion de sources provenant directement de la montagne. L’eau dévale 90 marches, jaillit de huit vasques et termine sa course dans les douves. Elle rejoint ensuite un canal qui traverse le village avant de se jeter dans l’Isère. La régulation de son débit s’effectue à l’aide d’une clé qui s’active manuellement : comme au château de Versailles ! 

Hervé Meneboo, jardinier en chef, s’emploie à nettoyer ce joyau en permanence. « Pour les visiteurs, cet escalier est un véritable spectacle. Mais dans les coulisses, il nécessite beaucoup d’entretien, insiste-t-il. Une fois par an, je dois le vider de son eau et retirer la boue pour éviter la formation de dépôts. Et toutes les semaines, les marches sont brossées à la main. » 

Ce n’est qu’après avoir atteint le sommet de l’escalier d’eau que le jardin se dévoile dans son ensemble, avec tous ses espaces. De longues terrasses s’étirent à l’infini, jusqu’à ne faire plus qu’un avec le paysage. Certaines sont tapissées de broderies de buis déroulant leurs motifs ornementaux et agrémentées de rosiers ou encore d’ifs taillés. Beaucoup plus champêtre, la partie supérieure du jardin, elle, se confond avec le sous-bois ourlant la forêt.

Par: Annick Berlioz