Publié le 18 juin 2025
Le Département lance une offre de services complémentaires pour les collectivités via son réseau radio LoRa* à bas débit. Objectifs : optimiser la gestion des services et des bâtiments publics. Aurélie Vernay nous explique.
Isère Mag : En quoi consiste ce réseau bas débit ?
Aurélie Vernay : Le Département a fait le choix de mettre en place un réseau radio opérant et fonctionnel. LoRa est un protocole de communication sans fil conçu pour permettre à des objets connectés (capteur IOT) de basse consommation d’échanger des données sur de longues distances : des conteneurs de déchets, des lampadaires, des thermostats, des compteurs d’eau et d’électricité ou des réservoirs qui sont eux-mêmes reliés à une tour de contrôle (hyperviseur) via un serveur informatique.
Grâce à de puissants outils d’analyse et de visualisation des données, les gestionnaires des services publics peuvent disposer d’informations en temps réel pour vérifier à distance le remplissage des bennes à ordure, contrôler les consommations de fluides et la température des locaux, déterminer le taux de CO2 dans les salles de classe, suivre le niveau de la nappe phréatique ou d’une cuve de gaz, orienter les automobilistes vers les zones de stationnement disponibles ou les bornes de recharge électrique. Les collectivités peuvent ainsi optimiser les consommations ou les tournées de ramassage.
I.M : En quoi cette technologie est-elle novatrice ?
A. V. : Certes, les premiers systèmes de transmission sans fil ne datent pas d’hier. La technologie LoRa a d’ailleurs été inventée à Grenoble en 2009 par la start-up Cycleo (qui l’a ensuite revendue à l’américain Semtech). En quinze ans, la technologie a beaucoup évolué, les performances radio ont été décuplées. Son intérêt est d’être très peu gourmande en énergie et de disposer d’une portée d’une dizaine de kilomètres.
De nombreux secteurs industriels ou agricoles l’utilisent déjà. Le déploiement de notre réseau de stations LoRa va permettre aux collectivités de développer de nouveaux usages sans avoir à investir dans une infrastructure. À la clé, c’est une meilleure maintenance des bâtiments, des économies d’eau et d’énergie. Et des factures réduites pour les Isérois ! L’investissement est rentabilisé en deux ou trois ans.
I. M. : Avez-vous des exemples d’utilisation en Isère ?
A. V. : Plusieurs expérimentations ont été menées par le Département sur ses propres bâtiments (collèges, maisons de territoire). La communauté de communes Entre Bièvre et Rhône (EBER) a également équipé une vingtaine de ses bâtiments et expérimente actuellement la télérelève de ses compteurs d’eau. Le territoire de l’Oisans ambitionne d’équiper 1 500 conteneurs de déchets, afin de déclencher les tournées de ramassage lorsque les points d’apport volontaires sont pleins.
Dans la Vanoise, sur un territoire équivalent, l’investissement initial a été amorti en seulement un an et a généré d’importantes baisses de coûts de fonctionnement : la taxe d’ordure ménagère a baissé deux années de suite ! Des partenariats ont été mis en place avec Alpes Isère Habitat, premier bailleur social de l’Isère, ou sont en cours de finalisation avec Territoire Énergie 38, syndicat qui regroupe 400 communes iséroises, pour le pilotage à distance de l’éclairage public et l’efficience énergétique des bâtiments.
Nous avons la chance en Isère d’avoir une forte expertise et des acteurs reconnus dans le domaine des objets connectés comme ATIM, à Villard-de-Lans, Adeunis à Crolles ou EBDS à Montbonnot-Saint-Martin. Une enquête va être lancée pour identifier les besoins des collectivités en Isère, en vue d’un déploiement à grande échelle ces prochains mois.
I. M. : En quoi le réseau LoRa est-il complémentaire du réseau de fibre optique à très haut débit ?
A. V. : Au-delà du réseau fibre, le réseau LoRa permet de restituer les données de capteurs placés quasiment partout, y compris en zone naturelle et à moindre coût.
* LoRa : abréviation de Long Range, ou longue portée. Réseau bas débit (868 Mhz) dédié aux objets connectés
